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Utilisation de produits chimiques nocifs par Asos : ce que vous devez savoir

4 300 analyses menées sur des vêtements du commerce, 12% de résultats non conformes. Voilà le genre de chiffres qui ne défilent pas sur les podiums mais qui devraient s’inviter dans les conversations. En 2023, des analyses indépendantes ont révélé la présence de substances interdites dans plusieurs articles commercialisés par Asos, dont des phtalates et des colorants azoïques classés comme cancérogènes. Les réglementations européennes imposent des seuils stricts pour ces composés, mais certains fournisseurs parviennent à contourner les contrôles via des chaînes d’approvisionnement complexes.Des vêtements considérés comme tendance peuvent contenir des résidus chimiques capables de provoquer des allergies cutanées ou des perturbations endocriniennes. Le manque de transparence sur la composition réelle des fibres textiles interroge sur la fiabilité des étiquetages et la sécurité sanitaire des consommateurs.

Pourquoi les produits chimiques nocifs sont-ils présents dans nos vêtements ?

Concevoir un vêtement, c’est tout sauf anodin. L’industrie textile orchestre un ballet sophistiqué où chaque étape, de la fibre à la finition, mise sur la rapidité, la réduction des coûts et la séduction du marché. Peu importe qu’il s’agisse de matières naturelles ou synthétiques, le passage par la case chimie est devenu une norme : ramollir, fixer, teindre, assouplir… Tout est bon pour transformer le tissu en objet désirable.

Derrière un jean ou un t-shirt, les traitements chimiques s’enchaînent. Les fibres issues du pétrole réclament leur lot de solvants, d’agents plastifiants et d’additifs. Même le coton, associé à la nature, subit des assauts de pesticides, de blanchissants et de teintures de synthèse. Certains résidus persistent malgré les lavages, collés à la fibre et présents jusqu’au dernier port.

La question ne s’arrête pas au placard. À chaque lavage, vêtements et machines relâchent microparticules et résidus toxiques dans les eaux usées. À l’autre bout du cycle, l’étape production et le transport amplifient encore l’empreinte carbone de nos choix vestimentaires.

En France, la frénésie de consommation ne faiblit pas. Des milliards de pièces vendues, empilées, renouvelées chaque année. L’alternative responsable peine encore à gagner du terrain. Mieux vaut ralentir la cadence, réfléchir à ce que l’on porte, limiter sa propre exposition et remettre à plat le rapport à la mode pour que celle-ci ne continue pas d’impacter santé et environnement.

Asos et l’éthique vestimentaire : ce que révèlent les enquêtes sur la composition textile

Asos s’est imposé sur le marché du prêt-à-porter en ligne en renouvelant sans cesse ses collections et en soignant son image. Mais derrière l’écran, des enquêtes menées par des acteurs publics et des ONG mettent au jour une tout autre facette. Certaines pièces mises en vente affichent des concentrations inquiétantes de substances réglementées : phtalates, colorants spécifiques, résidus de formaldéhyde. La liste s’allonge, tout comme l’inquiétude des consommateurs.

Les agences officielles montent le ton. Elles rappellent que les effets de ces composants ne se limitent pas à des rougeurs ou des démangeaisons temporaires. Accumulés dans le corps, leurs conséquences peuvent se manifester à long terme, parfois des années après l’exposition.

Dans certains cas, des vêtements dépassent nettement les repères établis par l’Union européenne. Quelques produits passent inaperçus lors des contrôles, mais la sonnette d’alarme retentit : allergies, dérèglements hormonaux, risques accrus pour les plus jeunes. Les enjeux dépassent largement la simple apparence.

Malgré les demandes répétées des consommateurs et des associations, les informations communiquées par Asos restent floues. Traçabilité difficile, descriptifs de matières très vagues, origine incertaine : obtenir une réponse claire s’avère bien souvent mission impossible. L’éthique textile ne devrait plus dépendre du hasard ou du marketing. Désormais, il s’agit de demander des comptes pour que la mode tienne sa promesse envers celles et ceux qui la portent, et envers l’environnement dans lequel elle s’exprime.

Ouvrier dans une usine textile avec cuves de teinture colorées

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Regardez les étiquettes, lisez entre les fibres

Quand l’étiquette ne dévoile pas tout, miser sur les fibres naturelles s’avère souvent judicieux : coton issu de l’agriculture biologique, lin, chanvre. Les matières synthétiques, quant à elles, cumulent plus régulièrement les substances indésirables. Pour s’y retrouver, quelques labels écologiques servent de repères. Voir un logo Oeko-Tex 100 ou GOTS sur une étiquette permet déjà de réduire son exposition à certains composés complexes.

La mode responsable se construit aussi localement

Opter pour des vêtements fabriqués près de chez soi ou dans des conditions sociales respectueuses, c’est limiter les kilomètres et les incertitudes sur la chaîne de production. Quelques marques françaises s’engagent, preuve qu’une alternative est possible, même si la route reste longue.

Vous trouverez ci-dessous des pistes concrètes pour réduire l’exposition aux substances à risque et alléger l’impact environnemental :

  • Choisir des vêtements d’occasion, c’est donner une nouvelle vie à une pièce tout en réduisant la demande de production neuve et l’accumulation de polluants issus des traitements récents.
  • Adopter le recyclage ou l’upcycling : transformer des habits vieillissants, revisiter de vieux jeans, créer quelque chose de neuf à partir du déjà-porté.
  • Limiter les lavages à température élevée et préférer des lessives douces, c’est autant préserver sa peau que la tenue des fibres et limiter la diffusion de substances dans l’eau.

Nos choix individuels pèsent plus lourd que l’on croit. Vêtements certifiés, attention à la provenance, lecture attentive des étiquettes : chaque geste, si petit soit-il, alimente un mouvement collectif. À terme, c’est toute la filière qui s’ajuste, le poids des textiles toxiques qui s’allège. Et demain, pourquoi ne pas imaginer une mode qui n’irrite plus personne, ni les corps, ni la planète ?